Il n’existait pas de pire endroit au monde pour construire une ville, et pourtant Nome fut érigée, presque en une seule nuit, quand deux Suédois et un Norvégien découvrirent une pépite de la taille d’une petite pierre dans un ruisseau proche de la plage. Ces hommes furent bientôt connus comme les « trois Suédois chanceux » et leur découverte provoqua une véritable ruée, en 1898.
Dans un premier temps, ces trois hommes étaient venus s’installer au nord-ouest de l’Alaska en tant que gardiens de troupeaux, dans le cadre d’un programme du gouvernement américain destiné à initier les Esquimaux à l’élevage du renne. Près d’un demi-siècle de pêche à la baleine avait détruit les ressources alimentaires traditionnelles des Esquimaux, phoques et baleines, et la viande de renne paraissait être une alternative possible. Le plus jeune des « Suédois », âgé de vingt-quatre ans, était un pêcheur du nord de la Norvège – unie à la Suède par le traité de Kiel, en 1814 – nommé Jafet Lindeberg, qui avait été engagé dans le cadre de ce programme en dépit du fait qu’il ne connaissait rien ou presque aux rennes. Les collègues de Lindeberg n’avaient pas plus d’expérience que lui. John Brynteson avait obtenu ce travail parce qu’il connaissait le responsable du programme, et Erik Lindblom, tailleur à San Francisco, avait été, disait-on, recruté de force dans un bar et embarqué sur un baleinier en partance pour la mer de Béring.
Quand leur engagement prit fin, les trois hommes décidèrent de partir chercher de l’or. Ils avaient entendu dire que l’eau des ruisseaux de la péninsule Seward était colorée, et ils estimaient n’avoir pas grand-chose à perdre. À eux trois ils totalisaient environ six mois d’expérience de la prospection, et selon un de leurs contemporains, ils étaient tout juste capables de distinguer « un gisement d’or d’un carré de pommes de terre ». Mais apparemment ils savaient faire la différence entre une pierre et une pépite, et en quelques semaines ils devinrent des hommes riches. La bonne nouvelle se répandit vers l’est jusqu’au Canada et vers le sud jusqu’aux États-Unis.

Nome n’était pas la première ville du Grand Nord que la découverte d’or avait fait surgir de terre. L’été 1896, des prospecteurs avaient trouvé de l’or dans un ruisseau près de la Klondike River, juste à l’est de la frontière de l’Alaska, dans la région du Klondike, sur le Territoire du Yukon, au Canada. Cette découverte était une aubaine pour les journaux et magazines qui racontèrent des histoires sensationnelles sur les millions de dollars que rapportaient les gisements aurifères du Klondike. Bien évidemment, ils omettaient de dresser la liste des dangers que comportait un voyage vers le nord. Sur plus de cent mille hommes et femmes de toutes les parties du monde qui se lancèrent dans cette expédition de plusieurs mois, moins de trente mille réussirent à atteindre Dawson City, la ville-champignon, porte de la région aurifère du Klondike 3. Très peu firent fortune. La chance sourit davantage à ceux qui, patients ou animés de l’esprit d’entreprise, préférèrent ouvrir un general store ou un saloon.
Pourtant, la prospection exerçait un attrait puissant. La perspective de trouver de l’or paraissait être un moyen d’échapper aux difficultés économiques que connaissaient alors les États-Unis. Des années de spéculation non maîtrisée à Wall Street et de mauvaises décisions politiques (comme l’obligation pour le gouvernement de payer en or, et à un taux supérieur à celui du marché, l’argent nécessaire pour frapper les pièces de monnaie) avaient finalement abouti à une crise, en 1893. Près de quinze mille entreprises et plus de six cents banques avaient fait faillite et vingt pour cent des Américains avaient perdu leur emploi. Des milliers de gens ne pouvaient plus acheter de quoi se nourrir ni payer leur loyer. Les effets de cette crise furent ressentis dans le monde entier. Malgré toutes les difficultés auxquelles ils se heurtaient, les prospecteurs continuaient donc à affluer dans le Klondike. Puis, l’hiver 1898, une rumeur circula selon laquelle on avait découvert de l’or sur la péninsule Seward, à l’autre bout de l’Alaska, à environ mille trois cents kilomètres à vol d’oiseau. Des milliers de prospecteurs du Klondike décidèrent d’abandonner leurs concessions improductives et, avec pelles et pioches, se mirent en route pour une région plus prometteuse. Le seul itinéraire pour se rendre du Klondike à Nome suivait l’imposant Yukon qui s’étirait sur trois mille sept cents kilomètres depuis le Canada jusqu’à la mer de Béring, à travers l’Alaska. Mais à cette époque de l’année, le Yukon était déjà recouvert d’une couche de glace. Les prospecteurs, prêts à prendre tous les risques, affrontèrent donc le fleuve gelé. Certains partirent à pied et d’autres utilisèrent tous les moyens de locomotion qu’ils purent trouver : traîneaux à chiens, chevaux et même bicyclettes ou patins à glace. Cette traversée de l’Alaska jusqu’à Nome dura des semaines et la longue file des prospecteurs s’étirait sur plusieurs kilomètres. On racontait que le long du chemin, les feux de camp s’éteignaient rarement. « On n’avait jamais vu des groupes plus frénétiques d’hommes impatients d’atteindre Nome, de tenter leur chance en exploitant tout cet or », racontait Carrie McLain, un des premiers habitants de Nome.
Cet hiver de 1898, plusieurs centaines de prospecteurs arrivèrent. On ne saura jamais combien n’y parvinrent pas ou firent demi-tour. Il est toutefois certain que ceux qui réussirent à atteindre Nome étaient des hommes solides, habitués aux voyages, et des prospecteurs endurcis par au moins un hiver passé dans le Grand Nord. On les appelait des « levains » parce qu’ils conservaient souvent une provision de levure dans un petit récipient en terre qu’ils gardaient contre leur poitrine. Ainsi, ils pouvaient toujours faire du pain et étaient assurés de ne jamais souffrir de la faim.
Durant le premier hiver 1898-1899, les levains s’installèrent à environ huit kilomètres de la plage, sur les rives d’Anvil Creek, là où les « Suédois chanceux » avaient découvert de l’or. L’été, quand la glace commença à fondre sur la mer de Béring, un nouveau groupe de prospecteurs arriva par bateau. Avant peu, plus d’un millier de chercheurs d’or avaient installé leurs tentes blanches sur ce qu’on appelait désormais le district minier du Cap Nome.
Les levains surnommaient les nouveaux arrivants cheechakoes, une combinaison de mots autochtones signifiant « nouveaux venus ». Ces derniers étaient considérés comme des éléments dangereux pour la communauté : la plupart étaient des novices. Très peu d’entre eux étaient déjà montés aussi haut vers le nord et ils n’avaient qu’une vague idée de la rigueur du climat et de l’isolement qu’il leur faudrait affronter quand l’hiver arriverait, que la mer de Béring serait gelée, qu’ils manqueraient de nourriture et de combustible. Les autorités de Nome considéraient ces nouveaux venus comme une menace et redoutaient que la ville ne connaisse des temps difficiles. En outre, on savait que d’autres prospecteurs viendraient encore.
Au début de l’été, John Hummel, un prospecteur âgé, originaire de l’Idaho, trop malade pour aller jusqu’à Anvil Creek chercher de l’or, avait décidé de tenter sa chance sur la plage. Il persuada un homme plus jeune que lui de faire le travail le plus pénible, et bientôt ils gagnèrent cent dollars par jour. La nouvelle circula vite : le sable des plages de Nome était de la poussière d’or et il y avait suffisamment de pépites pour tous ceux qui voudraient se baisser et en ramasser. L’or arrivait avec la marée, disait-on. Cependant, quand la nouvelle de sa chance fut connue, à la fin de l’automne 1899, la mer de Béring était déjà gelée et l’hiver s’annonçait. Il faudrait attendre l’année suivante pour pouvoir se rendre à Nome. Durant tout l’hiver, la légende circula d’un port à l’autre, de la côte ouest à la côte est des États-Unis, et au-delà, et des milliers de futurs prospecteurs commencèrent à se préparer pour leur long voyage vers le Pacifique nord-ouest, prêts à prendre Nome d’assaut dès l’été 1900.
Le gouverneur de l’Alaska, John G. Brady, avait été informé, lui aussi, des nouvelles recherches effectuées au bord de la mer de Béring. Un prospecteur, voyageant par mer et par terre, s’était chargé de l’avertir des désordres et de l’anarchie qui menaçaient le nouveau camp. Il fallait envoyer de l’aide. Brady contacta les autorités fédérales et demanda que l’on envoie la troupe pour faire respecter la loi et maintenir l’ordre. « La soif de l’or rend ces hommes fous, aurait dit Brady en apprenant la nouvelle. La situation risque de devenir désespérée si on n’intervient pas… On imagine difficilement jusqu’où peuvent aller des chercheurs d’or isolés et coupés de la civilisation pendant huit mois par plus d’un millier de kilomètres de glace… »
À l’été 1900, quand la glace commença à fondre sur la mer de Béring, plus de cinquante bateaux attendaient au large de Nome qu’on vienne décharger leur cargaison et transborder les passagers. Tous ces bateaux à vapeur et à roues à aubes, en plus ou moins bon état, formaient une armada pitoyable. À bord, des milliers de futurs prospecteurs arrivaient directement de San Francisco et de Seattle ; ceux qui venaient d’autres camps de l’Alaska et du Territoire du Yukon avaient pris le bateau à St. Michael, le port le plus proche de l’embouchure du Yukon.
Le voyage avait été difficile : nombre de passagers avaient dû attendre dans l’un des ports des Aléoutiennes que la glace fonde et que les bateaux puissent traverser la mer de Béring. Après des semaines à bord, ils étaient impatients de mettre le pied sur ces plages qui recelaient de l’or et de tenter leur chance, mais ils devaient d’abord quitter le bateau. Au milieu des vagues déferlantes, les passagers, avec bagages et matériel, descendirent des ponts des imposants vapeurs et s’installèrent dans les allèges. Les embarcations cognaient contre les coques des bateaux, montaient et descendaient au rythme des vagues. Quand tous les passagers furent entassés dans les allèges, on les tira vers la côte à l’aide de grosses cordes.
Pour ceux qui avaient tant risqué pour venir jusque-là, faire demi-tour aurait signifié retrouver une vie de pauvreté, sans parler de l’humiliation. Ils sautèrent sur la plage avec leurs pelles et leurs pioches, et se mirent aussitôt au travail. On raconte qu’en arrivant sur le rivage, un homme tomba à genoux, désespéré : il n’y avait pas une seule pépite en vue. Accablé de douleur, il s’écria : « Ce n’était qu’un mensonge ! » Et il se tira une balle dans la tête.
Plus tard, des géologues découvrirent que « l’or de Hummel » n’existait qu’en très petite quantité, qu’il s’agissait seulement de dépôts laissés dans le sable par des milliers d’années d’érosion. En outre, les prospecteurs regardaient dans la mauvaise direction : l’or se trouvait sur la toundra, derrière eux, dans les ruisseaux et rivières, en dehors de la ville.
Plus de vingt mille cheechakoes arrivèrent cet été-là et dressèrent leurs tentes blanches sur la plage. Elles s’étiraient sur une cinquantaine de kilomètres le long de la côte. « On aurait cru qu’un grand albatros s’était abattu sur le rivage, racontait un témoin, les tentes blanches rappelant ses ailes, et les quelques boutiques et cabanes construites à la hâte avec des bois flottés, sa poitrine grise. »
La plage étant considérée comme domaine public, il n’était pas nécessaire de faire enregistrer sa concession et dès que quelqu’un avait posé le pied à terre il attrapait ses outils et se mettait au travail. Il y avait là des Norvégiens et des Français, des Russes et des Américains ; un brouhaha de langues qui couvrait presque le battement des vagues. Tout le long du rivage était installée une ligne de « berceaux » en bois qui ressemblaient à une batterie d’artillerie. Ces grands engins branlants étaient composés d’un caisson rectangulaire étroit, muni d’un tamis garni d’un placage de cuivre et de mercure destiné à retenir l’or. D’autres appareils plus sophistiqués étaient équipés de roues, de moteurs et de poulies. Le bruit était assourdissant : ces machines de mauvaise qualité cliquetaient et toussaient ; et les chercheurs d’or secouaient les berceaux tandis que l’eau passait au travers, entraînant une cascade de coquillages et de galets. Les vagues grondaient.
Sur Front Street, au-dessus de la plage, ils construisirent des salles de jeu et des saloons avec du bois de charpente, les fenêtres et les outils qu’ils avaient apportés. Ils ne tinrent aucun compte du mouvement des marées et plusieurs bâtiments furent érigés dangereusement près de l’eau, à quelques mètres seulement de l’endroit où la mer rejetait les bois flottés et les épaves. Ces bâtisseurs n’allaient pas tarder à regretter leur imprudence et leur précipitation.
À la fin de l’été, la ville se dressait sur la toundra. Seize bureaux de conseillers juridiques s’étaient ouverts sur Front Street, et également douze general stores, quatre agences immobilières, quatre drugstores, cinq laveries, quatre bains publics, trois magasins de fruits et cigares, autant d’horlogeries et un cabinet de massage. Une partie de la rue, appelée la « palissade », était réservée aux maisons de tolérance. C’était le premier endroit où se rendaient les chercheurs d’or en remontant de la plage ou après avoir quitté leurs ruisseaux. Les prostituées vivaient derrière Front Street, dans une rangée de maisons qui n’étaient guère plus que des cabanes. « Hoo-Hoo » Henderson, l’une des plus populaires, connaissait toutes les ficelles du métier et son surnom lui venait de son habitude de crier « Hoo-Hoo ! Hoo-Hoo ! » chaque fois qu’elle feignait l’orgasme.
Wyatt Earp, devenu une légende depuis le fameux Règlement de comptes à O.K. Corral, s’installa à Nome et se retrouva copropriétaire du Dexter’s Saloon, le premier bâtiment à un étage construit dans la ville. Au rez-de-chaussée il y avait un bar, et à l’étage plus de douze chambres à louer. C’est là que Rex Beach, l’écrivain de westerns, vécut et remplit ses carnets d’anecdotes sur la vie à Nome. Son livre The Spoilers, qui conte l’histoire d’un juge fédéral corrompu, impliqué dans une affaire de vol de concessions, devint un best-seller. Tex Richard commença sa carrière en organisant des matchs de boxe pour les chercheurs d’or de Nome, puis partit pour New York où il construisit le Madison Square Garden et devint l’un des premiers grands organisateurs d’événements sportifs.
La ville était située à deux cent cinquante kilomètres au sud du cercle arctique, et le soleil ne se couchait que pendant quatre heures. Beuveries et bagarres ne cessaient jamais dans la soixantaine de bars qui avaient ouvert depuis peu. Les pianos mécaniques étaient bien huilés, les entraîneuses demandaient un dollar pour aller traîner des pieds sur des planches mal dégrossies ; et il y avait suffisamment d’argent et de temps pour que cela ne s’arrête jamais – c’était du moins ce que tout le monde semblait croire.
Le charbon se vendait cent dollars la tonne, les œufs quatre dollars la douzaine, et les prospecteurs distribuaient les sacs de poussière d’or sans même y penser. On utilisait de la poussière d’or comme monnaie car il n’y avait pas suffisamment de billets et de pièces en circulation. Les bars, les hôtels et les commerces étaient équipés de balances et de poids pour peser l’or, pas toujours très honnêtement. Un commerçant a raconté qu’il utilisait du sirop en guise de lotion capillaire, pesait l’or avec des doigts légèrement humides et se passait ensuite la main dans les cheveux. Il se constituait ainsi chaque jour une réserve d’or non négligeable. Au bout de quelques semaines, nombre de prospecteurs se retrouvèrent sans le sou et finirent sur la plage, dans le dénuement le plus complet. La criminalité augmenta : dans les camps installés au bord des ruisseaux, des hommes armés de fusils et de couteaux faisaient main basse sur les concessions ; sur la plage, des voleurs s’approchaient silencieusement des tentes, passaient le bras par les ouvertures et appliquaient des chiffons imbibés de chloroforme sur le nez et la bouche des prospecteurs endormis. Ils s’emparaient ensuite de leur or et disparaissaient. « La cupidité des hommes était plus grande que dans tous les autres endroits que j’ai connus », se rappelait un mineur endurci.
Les troupes fédérales du gouverneur Brady réussirent à rétablir un semblant de paix, mais furent vite submergées par le nombre de délinquants, et les soldats n’échappèrent pas à l’attrait de l’or. La moitié d’entre eux désertèrent et prirent le chemin des ruisseaux, armés de bâtées pour laver le sable. Le lieutenant H. French fut tellement affecté par ce qu’il avait vu qu’il retourna aux États-Unis pour mettre ses compagnons en garde : « À ceux qui envisagent de se rendre en Alaska, d’affronter le climat, de traverser ce pays quasi infranchissable, de passer à gué des cours d’eau presque aussi froids en été que pendant les longs hivers arctiques, je dirais : “N’y allez pas !” »
Nome courait à sa perte quand, l’après-midi du 12 septembre 1900, une forte tempête arriva du sud, avec des vents violents soufflant à plus de cent dix kilomètres à l’heure. D’énormes vagues vinrent battre la plage et la ville, cinq jours durant. Les prospecteurs qui étaient restés sous leurs tentes furent emportés, et les vagues écrasèrent tout sur Front Street et au-delà. La tempête fit voler les bâtiments en éclats et projeta les allèges et les bateaux dans les rues, détruisant tout ce qui se trouvait sur son passage. Des débris de verre, de bois et de fer volaient dans l’air ; les installations des chercheurs d’or furent renversées et plusieurs bateaux coulèrent.
Alors que la tempête s’apaisait, une foule de gens silencieux, alignés le long de la plage, virent un bateau fantôme venir vers la côte, toutes voiles dehors. C’était le trois-mâts Sequoia qu’on croyait perdu corps et biens, depuis des années. Ce bateau avait été une victime de plus de la mer de Béring, le cimetière du Pacifique, et il apportait avec lui un message inquiétant : vivre à Nome ne serait pas une partie de plaisir.
Tandis que la mer se calmait et que les débris s’entassaient sur le rivage, des milliers de prospecteurs qui avaient survécu à des mois d’anarchie, de beuverie et de pauvreté, décidèrent qu’ils en avaient assez. Ils formèrent de longues files silencieuses sur la plage et attendirent le bateau qui devait les emmener. On les appela les « pieds froids », et ils avaient tous un point commun : ils ne pouvaient pas supporter l’idée de passer un jour de plus à Nome.
À la fin du mois d’octobre, la plupart des vingt mille hommes et femmes arrivés quelques mois auparavant avaient repris le bateau. Plus tard, quelqu’un fit ce commentaire : « Dieu lui-même est parti par le dernier bateau. » Et cela se répéterait chaque automne.
La tempête marqua la fin de la ruée vers l’or de Nome. La ville ne fit plus les gros titres de la presse internationale ; pour le reste du monde, Nome n’existait plus.
Pourtant, en octobre 1900, quand le dernier bateau leva l’ancre, cinq mille prospecteurs environ choisirent de rester et de relever la ville de ses ruines. Certains étaient tombés amoureux du Grand Nord, d’autres appréciaient le mode de vie sans prétention des habitants de l’Alaska. D’autres encore n’avaient tout simplement nulle part où aller.